Discours de l’Ambassadeur de France à l’occasion de la remise des insignes de Chevalier de la Légion d’Honneur à M. Bogdan Aurescu (6 octobre)

Seul le prononcé fait foi

Monsieur le Ministre, cher Bogdan AURESCU,
Mesdames et Messieurs,
Chers invités,

C’est avec un plaisir tout particulier que je m’apprête à décorer de la Légion d’Honneur M. AURESCU. C’est aussi pour moi un grand honneur. Comme vous le savez, la République française décerne la Légion d’honneur à des personnalités étrangères, pour leurs réalisations au service du bien commun qui se doivent d’être montrées en exemple. Lorsqu’il s’agit de fonctionnaires, elle honore tout particulièrement l’usage qu’ils ont fait de l’autorité publique qui leur a été confiée. M. AURESCU, vous méritez cette distinction à plus d’un titre.

Vous êtes en effet un diplomate de carrière, avec rang d’ambassadeur, et vous êtes un professeur d’Université en droit international. A cette double qualité vous avez ajouté celle du responsable public, puisque vous avez été nommé ministre des Affaires étrangères le 24 novembre 2014, après avoir été pendant plusieurs années secrétaire d’Etat pour les affaires européennes, et pour les affaires stratégiques.
Permettez-moi de rappeler ici en quelques mots à vos invités quel a été votre parcours. Né en 1973, vous êtes diplômé des facultés de droit et d’histoire de l’Université de Bucarest, mais aussi de l’Institut Franco-Roumain « Nicolae Titulescu – Henri Capitant » de droits des affaires et de la coopération internationale ; j’en reparlerai. Vous combinerez par la suite la voie du droit avec celle des relations internationales puisque votre thèse de doctorat portait sur « Le concept de souveraineté et la suprématie du droit international » ; il serait d’ailleurs très intéressant de savoir si vous l’écririez de la même façon aujourd’hui, avec votre expérience !

Vous avez intégré le ministère des Affaires étrangères en 1996, et vos qualités vous y ont conduit rapidement à d’éminentes responsabilités, d’abord dans le domaine juridique : conseiller juridique du ministre, directeur de cabinet, puis directeur des affaires juridiques. En 2003, l’année où vous obtenez votre doctorat, vous êtes nommé Agent du gouvernement roumain auprès de la Cour européenne des droits de l’homme puis secrétaire d’Etat aux affaires européennes l’année suivante.

Pendant cinq ans, vous avez été l’Agent de l’Etat roumain auprès de la Cour internationale de justice à La Haye. A ce titre, vous avez brillamment défendu votre pays dans son différend avec l’Ukraine sur la délimitation maritime en mer Noire, dans une affaire qui est un modèle de règlement pacifique d’un différend international. Elle a été pour la Roumanie, et largement grâce à vous, un succès. L’arrêt de la Cour de février 2009, s’il a permis à l’Ukraine de conserver la fameuse « Ile des Serpents », a en effet accordé à la Roumanie 80 % de la zone contestée entre les deux pays.
Vous occupez ensuite plusieurs postes de secrétaires d’Etat, où vous confirmez, s’il en était besoin, vos grandes qualités professionnelles : aux affaires stratégiques de 2009 à 2010, aux affaires européennes de 2010 à 2012, aux affaires globales puis de nouveau aux affaires stratégiques. Durant cette période, vous avez notamment été le négociateur en chef de l’accord roumano-américain pour la défense anti-missile et vous avez joué un rôle déterminant dans la conclusion du partenariat stratégique pour le XXIème siècle entre la Roumanie et les Etats-Unis.

Au vu de cette rapide évolution et de vos qualités, c’est très logiquement que vous êtes nommé en novembre 2014 ministre des Affaires étrangères, poste que vous occuperez durant une année et où vous servirez les intérêts de la Roumanie et de l’Union européenne avec un grand talent. Vous êtes à présent conseiller pour la politique étrangère du président IOHANNIS, un conseiller très écouté.

Ces hautes responsabilités, dont vous êtes toujours acquitté de façon remarquable et pour le plus grand bénéfice de la Roumanie, ne vous ont jamais vraiment éloigné du droit : vous êtes membre de la Cour permanente d’arbitrage de la Haye, membre suppléant au sein de la Commission européenne pour la démocratie par le droit (commission de Venise) du Conseil de l’Europe et représentant suppléant de la Roumanie auprès de la Commission du Danube. Vous poursuivez également vos activités de professeur à la Faculté de droit de l’Université de Bucarest.

Monsieur AURESCU, votre compétence et votre intégrité, que vous avez mises au service de la politique étrangère de la Roumanie, sont reconnues de tous. Vous êtes, nul ne le conteste, un des observateurs et des acteurs privilégiés de la scène européenne et mondiale.

Enfin, je suis heureux de pouvoir dire que vos relations avec la France sont anciennes et marquées par une amitié jamais démentie. J’ai évoqué tout à l’heure votre diplôme de droit obtenu en 1996 à l’Institut Franco-Roumain « Nicolae Titulescu – Henri Capitant », qui préfigurait l’actuel collège juridique franco-roumain d’études européennes. Excellent francophone, vous vous exprimez souvent publiquement en français. La France a toujours eu en vous un interlocuteur d’une rare qualité, je peux en témoigner. Si le partenariat franco-roumain a pu être qualifié par le président de la République de « partenariat d’exception » lors de sa récente visite d’Etat en Roumanie, c’est à des hommes de votre qualité que nous le devons.

Monsieur AURESCU, c’est avec un immense plaisir « qu’au nom du Président de la République, je vous remets les insignes de chevalier de la Légion d’Honneur. »

Dernière modification : 18/10/2016

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