Visite officielle du Premier ministre roumain M. Dacian Cioloş en France (20-21 janvier 2016)

Le programme de cette visite officielle inclut un déjeuner de travail avec le Président français M. Francois Hollande et le Premier ministre M. Manuel Valls, des entretiens avec le Président du Sénat, M. Gerard Larcher, le président de l’Assemblée nationale, M. Claude Bartolone, une rencontre avec la communauté roumaine en France et une allocution devant les étudiants roumains de Science Po. Des rencontres avec des hommes d’affaires français sont également prévues, ainsi qu’une visite du musée Brâncuşi.

Le Premier ministre roumain est accompagné par le vice-Premier ministre, ministre de l’Économie M. Costin Borc, le ministre des Affaires étrangères M. Lazar Comanescu, le ministre de la Culture M. Vlad Alexandrescu, le ministre de l’Intérieur M. Petre Toba, et le ministre pour les relations avec la diaspora M. Dan Stoenescu, ainsi que par le chef de la Chancellerie, M. Dragos Tudorache. L’Ambassadeur de France en Roumanie M. François Saint-Paul et l’Ambassadeur de Roumanie en France M. Luca Niculescu participent également à cette visite.

Le Président François Hollande et Dacian Cioloș, Premier ministre de Roumanie, ont fait une déclaration à la presse à l’issue de leur déjeuner de travail.


Déclaration conjointe avec M. Dacian Cioloș... par elysee

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(crédits photo : page facebook de l’Ambassade de Roumanie en France)


Déclaration à la presse du Président de la République française M. François Hollande et du Premier ministre de la Roumanie M. Dacian Cioloș à l’issue de leur déjeuner de travail

Mercredi, 20 janvier 2016

Transcription non-officielle

M. François Hollande, Président de la République française : J’ai reçu pour le déjeuner le Premier ministre, M. Ciolos, avec plusieurs membres de son gouvernement et c’était pour la France à la fois un signe d’amitié mais aussi une reconnaissance personnelle à l’égard du Premier ministre Ciolos, car la France se souvient qu’il a été un excellent Commissaire européen à l’Agriculture et qu’il avait veillé justement dans les négociations difficiles à donner à l’agriculture européenne les conditions de son développement. Je le dis à un moment où c’est particulièrement difficile en France et ailleurs, notamment dans les régions d’élevage.

Mais M. Ciolos est devenu ensuite Premier ministre, et il est à la tête d’une équipe qui agit pour faire les réformes qui sont nécessaires pour un pays qui a connu depuis quelques années une très forte croissance et nous voulons, la France, être aux côtés de la Roumanie pour être à la fois un partenaire commercial et économique, mais aussi un pays ami, compte tenu des liens culturels, linguistiques que nous avons avec la Roumanie. Nous avons donc évoqué dès le début, le 100ème anniversaire de l’Etat roumain moderne, ce sera en 2018, et nous préparons les cérémonies qui pourront accompagner les saisons culturelles, cet événement auquel la Roumanie a bien voulu associer la France.

Nous avons parlé économie, puisqu’il y a des entreprises françaises qui se sont implantées en Roumanie depuis longtemps et qui ont rencontré le succès, je pense à Renault, nous avons également l’aéronautique qui est présente en Roumanie, et il y a plusieurs projets d’investissement, en termes d’infrastructures, d’énergie qui nous intéressent, Roumanie et France, ensemble.

Nous avons aussi sur les questions de défense, de coopération militaire, remercié la Roumanie pour sa participation et son soutien, après les terribles épreuves que nous avons traversées, je rappelle qu’au Bataclan il y a eu des victimes roumaines et nous avons donc partagé le deuil avec le gouvernement roumain et le Président roumain par rapport à ces attentats et à leurs conséquences.

Nous avons aussi évoqué les questions de protection des frontières européennes, et nous saluons ce que fait la Roumanie pour aller dans le même sens que la France, c’est-à-dire pour assurer une sécurité effective des frontières extérieures de l’Europe et notamment nous soutenons la Commission européenne dans sa démarche pour la création d’un corps de garde-côtes, de garde-frontières, pour nous permettre justement de régler le plus humainement possible la question des réfugiés qui viennent, mais de ne pas être soumis à des mouvements de populations qui, on le sait, créent des situations extrêmement douloureuses.

Et puis, nous avons aussi voulu rappeler que nous voulions assurer un avenir à Schengen, car la dislocation de Schengen aurait des conséquences extrêmement graves pour l’Union européenne, nous devons améliorer Schengen, nous devons parfois en rediscuter un certain nombre de règles et d’applications, mais nous devons garder Schengen, c’est-à-dire la libre circulation. La Roumanie veut depuis longtemps participer pleinement à Schengen, et nos deux ministres de l’Intérieur sont en discussion en ce moment même, pour essayer de voir quelles sont les étapes que nous pouvons franchir aux conditions qui sont celles de la sécurité et qui ne sont d’ailleurs pas discutées par nos amis roumains. La sécurité c’est d’avoir aussi, et nous y travaillons ensemble, notamment au Parlement européen, l’adoption du PNR, puisque ça permettrait d’avoir des vérifications et ça ouvrirait à ce moment-là plus facilement la question de ces vols aériens qui pourraient être ouverts dans l’espace Schengen aux Roumains.

Je veux terminer en évoquant aussi d’autres situations qui ont à un moment pu susciter des débats dans nos deux pays : la situation des Roms et, là aussi, des engagements avaient été pris, ils sont respectés, et nous faisons en sorte, là encore, de soutenir les programmes d’intégration en Roumanie et de mobiliser l’Europe sur ces enjeux-là, tout en faisant que ceux qui sont ici puissent, dans certaines conditions, retourner en Roumanie, s’il est possible de les accueillir et nous-mêmes devons faire un effort d’intégration.

Voilà l’esprit qui a été le nôtre, et nous avons sur beaucoup de programmes des objectifs communs, j’ai évoqué la culture, la recherche, l’économie, la défense, nous avons également en termes de politique étrangère la volonté de faire jouer à l’Europe tout son rôle, notamment par rapport au dossier ukrainien sur lequel nous sommes revenus, et aussi par rapport à la Moldavie, de pouvoir associer la Moldavie, dans le cadre de ce qui est déjà prévu, au développement qui doit être le nôtre.
Je remercie encore le Premier ministre Ciolos et son gouvernement presqu’au complet d’être venus ici à Paris.
Traduction non-officielle

M. Dacian Ciolos, Premier ministre de la Roumanie : Monsieur le Président, je vous remercie tout d’abord pour cette opportunité de nous rencontrer, dès le début du mandat de mon gouvernement. Nous nous sommes rencontrés comme de vieux amis, je considère que la Roumanie et la France sont de vieux amis.

Nous avons ajouté de nouvelles pierres sur une fondation très solide et consistante, cette fondation de coopération entre nos deux pays, ces dernières décennies, aussi bien coopération dans le développement local, dans les relations entre nos communautés, mais aussi une très étroite coopération politique, économique, nous avons un partenariat stratégique qui montre déjà de bons résultats, nous avons en Roumanie une présence significative de grands groupes économiques industriels français, dans le domaine de la construction automobile, de l’aéronautique, des services publics, de la gestion de l’eau, de l’énergie et j’ai suggéré intensifier, sur cette fondation solide et de connaissances du milieu économique, nos relations économiques et commerciales, profitant du fait que la Roumanie prouve depuis un certains temps qu’elle a une économie stable. Le gouvernement que je conduis propose un programme économique qui souhaite assurer de la prédictibilité au milieu économique et valoriser le potentiel de l’économie roumaine, un potentiel en croissance. Nous sommes l’un des pays européens avec la plus forte croissance économique, sur laquelle nous pouvons construire.

Et au–delà de ces grands groupes français qui sont déjà présents et qui peuvent développer leurs affaires, j’ai suggéré une présence plus intense des PME, pour lesquels il y a un grand potentiel dans des domaines comme l’agroalimentaire, le secteur énergétique, mais aussi dans d’autres domaines de pointe. J’ai évoqué ici le potentiel de développement représenté par le développement du laser à Magurele, avec toute la plateforme de mise en valeur de celui-ci. Je comprends qu’il y a un intérêt croissant dans le milieu français d’affaires et de recherche appliquée pour s’impliquer dans ce projet de laser à Magurele et dans le développement de cette plateforme, et j’espère que prochainement nous pourrons organiser même une visite pour les partenaires français intéressés.

Nous avons également discuté au sujet de notre coopération au niveau européen sur les principaux dossiers de l’agenda européen. Nous avons évoqué la question de la migration et nous avons confirmé l’appui de la Roumanie aux projets de consolidation du contrôle aux frontières. La Roumanie même est responsable de l’une des plus longues frontières extérieures de l’Union européenne. Nous avons confirmé que nous souhaitons continuer à faire notre travail à cet égard et que nous espérons que cette contribution de la Roumanie Nous espérons que la contribution de la Roumanie à la sécurisation des frontières soit reconnue, comme les autres critères qui ont été déjà respectés, pour que la Roumanie puisse entrer dans l’espace Schengen, au moins dans un premier temps, avec les frontières aériennes, confirmant bien-sûr le fait que nous sommes intéressés à adhérer à un espace solide, consolidé et crédible et, de ce point de vue, la Roumanie soutiendra toutes les initiatives dans ce sens.

Nous avons abordé les sujets internationaux, la politique de voisinage, surtout à l’Est. Nous avons eu un échange d’opinions et d’informations concernant l’évolution en Ukraine, exprimant notre souhait pour que les démarches entreprises par le couple franco-allemand - et je sais que Monsieur le Président François Hollande s’est impliqué et s’implique très fort en ce sens –donnent des résultats dans l’intérêt général de l’union européenne et de la stabilité de la situation dans cette zone, qui pour nous, la Roumanie, est importante.

Nous avons discuté en détail la situation de la République de Moldavie, nous avons expliqué pourquoi la Roumanie avait l’intention de soutenir toutes les démarches de réformes, de lutte contre la corruption, de développement économique de la République de Moldavie qui est attachée aux valeurs européennes. Et j’espère qu’après cette discussion, nous pourrons collaborer non seulement dans le groupe d’amitié pour la République de Moldavie, où la France aux côtés de la Roumanie et d’autres États membres, est très active, mais aussi dans des projets censés soutenir le développement économique et les projets de réforme en République de Moldavie.

En conclusion, je pourrais dire que cette discussion a été très consistante. J’ai réitéré à Monsieur le Président François Hollande l’invitation du Président Iohannis, de visiter la Roumanie et j’espère que nous allons pouvoir recevoir le Président Hollande cette année en Roumanie. Et comme Monsieur le Président l’a dit, j’espère pouvoir préparer ensemble le centième anniversaire de l’unification roumaine, en 2018, auquel du point de vue historique la France a apporté une contribution et j’espère pourvoir célébrer ensemble cet événement, avec de nouveaux projets que nous avons, cette fois-ci, comme deux Etats-membres de l’Union européenne. Merci.

M. François Hollande, Président de la République française : Merci beaucoup et je conforme que je me rendrai en Roumanie cette année.

Prononcé en roumain (source : www.gov.ro)

Dernière modification : 07/11/2016

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